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Qu'est ce qu'un bourgeois au XVIIIème siècle ?

micgail
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Bonjour,
J'ai hésité à poster sur le bistrot, mais en définitive, les actes que je compulse se trouvant surtout en Maconnais, Brionnais, et Clunysois, le forum 71 semble plus "adapté".
Le bon sens (et M.de La Palice !  :)) voudrait qu'un bourgeois soit l'habitant d'un bourg.... Certes, mais que fait un bourgeois ?
En effet : ce n'est pas un paysan , qui est qualifié de manouvrier, granger, vigneron, laboureur, fermier, voire marchand fermier.
               ce n'est pas un marchand, ni un négociant, qui sont, eux, qualifiés comme tels.
               ce n'est pas un titulaire d'office : ceux ci sont qualifiés de notaires, avocats, huissiers, greffiers etc....
               ce n'est pas un médecin ou un chirurgien, ni un pharmacien....
               ce n'est pas, non plus, un artisan dont le métier est désigné : maçon, tailleur (de pierre, d'habits), couvreur, charpentier, maréchal, forgeron, perruquier etc...
               enfin, ce n'est pas un noble !!
Et on s'aperçoit qu'il réside parfois dans un village, voire un hameau...!
Serait-ce, finalement, un rentier ?
Bon après midi.
Micgail
mahelblonde
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Bonjour

L'Encyclopédie http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.67:148:34./var/artfla/encyclopedie/textdata/image/ définit les lettres de bourgeoisie :

Lettres de Bourgeoisie; c'étoit un acte dressé par le juge royal ou seigneurial par lequel un particulier non noble, non clerc & non bâtard, qui vouloit jouir des privileges accordés aux personnes libres & de franche condition, étoit reconnu pour bourgeois du roi ou d'un autre seigneur, selon qu'il s'adressoit pour cet effet à l'un ou à l'autre.

L'ordonnance de Philippe le Bel donnée au parlement, de la pentecôte 1287, touchant les bourgeoisies, explique ainsi la forme d'obtenir les lettres de bourgeoisie. Quand aucun vouloit entrer en aucune bourgeoisie, il devoit aller au lieu dont il requiéroit être bourgeois, & devoit venir au prevôt du lieu ou à son lieutenant ou au maire des lieux qui reçoivent des bourgeois sans prevôt, & dire à cet officier: « Sire, je vous requiere la bourgeoisie de cette ville, & suis appareillé de faire ce que je dois ». Alors le prevôt ou le maire ou leur lieutenant, en la présence de deux ou de trois bourgeois de la ville, du nom desquels les lettres devoient faire mention, recevoit sûreté de l'entrée de la bourgeoisie, & que le (récipiendaire) feroit ou acheteroit, pour raison de la bourgeoisie, une maison dans l'an & jour de la valeur de 60 sols parisis au moins. Cela fait & registré, le prevôt ou le maire donnoit à l'impétrant un sergent pour aller avec lui par devers le seigneur sous lequel il étoit départi, ou devant son lieutenant, pour lui faire savoir que l'impétrant étoit entré en la bourgeoisie de telle ville à tel jour & en tel an, ainsi qu'il étoit contenu dans les lettres de bourgeoisie. 
Cordialement

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jerome4
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micgail escribió: 08 Julio 2017, 15:23 Bonjour,
J'ai hésité à poster sur le bistrot, mais en définitive, les actes que je compulse se trouvant surtout en Maconnais, Brionnais, et Clunysois, le forum 71 semble plus "adapté".
Le bon sens (et M.de La Palice !  :)) voudrait qu'un bourgeois soit l'habitant d'un bourg.... Certes, mais que fait un bourgeois ?
En effet : ce n'est pas un paysan , qui est qualifié de manouvrier, granger, vigneron, laboureur, fermier, voire marchand fermier.
               ce n'est pas un marchand, ni un négociant, qui sont, eux, qualifiés comme tels.
               ce n'est pas un titulaire d'office : ceux ci sont qualifiés de notaires, avocats, huissiers, greffiers etc....
               ce n'est pas un médecin ou un chirurgien, ni un pharmacien....
               ce n'est pas, non plus, un artisan dont le métier est désigné : maçon, tailleur (de pierre, d'habits), couvreur, charpentier, maréchal, forgeron, perruquier etc...
               enfin, ce n'est pas un noble !!
Et on s'aperçoit qu'il réside parfois dans un village, voire un hameau...!
Serait-ce, finalement, un rentier ?
Bon après midi.
Micgail
Bonsoir,

Dans les actes que vous avez consulté, était-il précisé la ville? Bourgeois de ---- ?
Un bourgeois n'est pas une profession, donc il peut être faire n'importe quoi comme métier du moment qu'il soit assez riche et influant sur la ville.

On est au XVIIIème, donc assez loin de l'ordonnance de Philippe le Bel, mais il y a toujours cette notion d'affranchissement par rapport à la noblesse.

micgail
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jerome4 escribió: 08 Julio 2017, 17:47
             Bonsoir,

Dans les actes que vous avez consulté, était-il précisé la ville? Bourgeois de ---- ?
Un bourgeois n'est pas une profession, donc il peut être faire n'importe quoi comme métier du moment qu'il soit assez riche et influant sur la ville.

On est au XVIIIème, donc assez loin de l'ordonnance de Philippe le Bel, mais il y a toujours cette notion d'affranchissement par rapport à la noblesse.
Bonsoir,
J'ignorais totalement l'existence de ces Lettres de Bourgeoisie.... :-[ Donc, effectivement, être bourgeois était un état. Comme vous le soulignez, au XVIIIème, on est loin de l'ordonnance de Philippe le Bel, ce qui amène deux autres questions : y a t'il eu entre le XIIIème et le XVIIIème siècle des modifications de cette ordonnance, et, secondement, cet état de bourgeois était il héréditaire ? Autrement dit était-on bourgeois de père en fils (et fille ?).
Pour répondre à votre question, j'ai effectivement vu des actes où il était mentionné bourgeois de Lyon (par ex.), mais aussi des actes où il était indiqué, par ex, Sieur Untel, bourgeois, habitant tel endroit. Il est donc peu aisé de faire la distinction entre ce qui semble être des "catégories" différentes de la  bourgeoisie. ???
Je crois que l'on peut avoir des échanges intéressants sur ce thème, moins abordé à ma connaissance, que celui de la noblesse.
Bonne soirée
Micgail
pascaller
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Bonjour,

Voici la copie d'une lettre de réception en bourgeoisie, celle de la sœur d'un de mes ancêtres, Marguerite Leroux, reçue bourgeoise du Havre de Grâce en 1712, avec son fils de 4 ans (source : archives municipales du Havre, registre BB30, vue 94). Elle est la veuve d'un riche meunier originaire de la ville voisine de Montivilliers. La procédure concerne les nouveaux habitants venus de l'extérieur, suffisamment aisés pour être reconnus bourgeois. Elle permettait de bénéficier de l'affranchissement de la taille et de la gabelle accordée par François Ier en 1517 lors de la fondation de la ville.

Les conditions étaient strictes, il fallait être catholique (condition essentielle dans une ville royale cernée de communautés protestantes dans le pays de Caux), être présenté par un bourgeois (ici un maître boulanger) qui se portait caution morale et financière, faire une aumône à l'hôpital de la ville et payer les fais d'enregistrement. Au Havre, on compte dans les archives une vingtaine de réceptions en bourgeoisie par an, dans une ville qui comptait 15 à 20000 habitants au XVIIIe siècle.
La qualité de bourgeois était normalement héréditaire, mais pouvait la perdre si on habitait longuement à l'extérieur. Il fallait alors refaire une demande de réception. On pouvait aussi être privé de sa bourgeoisie, par exemple en cas de comportement immoral.

Pascal
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micgail
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pascaller escribió: 09 Julio 2017, 10:37 Bonjour,

Voici la copie d'une lettre de réception en bourgeoisie, celle de la sœur d'un de mes ancêtres, Marguerite Leroux, reçue bourgeoise du Havre de Grâce en 1712, avec son fils de 4 ans (source : archives municipales du Havre, registre BB30, vue 94). Elle est la veuve d'un riche meunier originaire de la ville voisine de Montivilliers. La procédure concerne les nouveaux habitants venus de l'extérieur, suffisamment aisés pour être reconnus bourgeois. Elle permettait de bénéficier de l'affranchissement de la taille et de la gabelle accordée par François Ier en 1517 lors de la fondation de la ville.

Les conditions étaient strictes, il fallait être catholique (condition essentielle dans une ville royale cernée de communautés protestantes dans le pays de Caux), être présenté par un bourgeois (ici un maître boulanger) qui se portait caution morale et financière, faire une aumône à l'hôpital de la ville et payer les fais d'enregistrement. Au Havre, on compte dans les archives une vingtaine de réceptions en bourgeoisie par an, dans une ville qui comptait 15 à 20000 habitants au XVIIIe siècle.
La qualité de bourgeois était normalement héréditaire, mais pouvait la perdre si on habitait longuement à l'extérieur. Il fallait alors refaire une demande de réception. On pouvait aussi être privé de sa bourgeoisie, par exemple en cas de comportement immoral.

Pascal
Bonjour,
Et merci infiniment pour ce partage qui illustre bien le sujet. Apparemment, il y avait donc une distinction établie entre les villes "royales", comme Le Havre, où on cherchait, sans doute, à attirer les fortunes, par le biais, déjà !!!, des exemptions fiscales  :o, et, peut être  :-\, les autres, où le régime était différent  ???
D'autres exemples, peut être d'autres régions, pour étayer ou infirmer cette hypothèse, seraient les bienvenus...
Encore merci
Micgail
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Bonjour

il y avait aussi des Bourgeois dans des villes plus petites, voire des villages. J'ai rencontré des "Bourgeois de Louhans" qualifiés ainsi dans les villages voisins à la manière effectivement d'un titre nobiliaire. J'ai vu aussi des "Bourgeois d'Arlay" et une connaissance m'a raconté avoir trouvé dans son grenier la lettre de bourgeoisie d'un de ses ancêtres...
Cordialement

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Mensajes: 2349
mahelblonde escribió: 09 Julio 2017, 11:15 Bonjour

il y avait aussi des Bourgeois dans des villes plus petites, voire des villages. J'ai rencontré des "Bourgeois de Louhans" qualifiés ainsi dans les villages voisins à la manière effectivement d'un titre nobiliaire. J'ai vu aussi des "Bourgeois d'Arlay" et une connaissance m'a raconté avoir trouvé dans son grenier la lettre de bourgeoisie d'un de ses ancêtres...
Bonjour,
C'est ce que je disais plus haut.... et ce qui motivait l'ouverture du post. Il semblait y avoir autant de catégories différentes de bourgeois qu'il y avait de catégories différentes de villes, bourgs et villages. N'oublions pas qu'au XVIIIème siècle, le "régime" de la bourgeoisie comptait déjà environ cinq siècle d'existence, et que les divers bourgs et villes du royaume avaient une origine, une histoire, une géographie économique, et une évolution démographique différente. Nous sommes habitués, aujourd'hui, à une uniformité administrative, héritée de la Révolution, et nous avons du mal à "appréhender" la variété (et l'inégalité !) des structures d'ancien Régime.
Je crois que ce post pourrait se révéler enrichissant.
Bonne journée
Micgail
zanzigirl
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Bonjour,

Un exemple au XVIIe à défaut de définition:

https://www.youtube.com/watch?v=TKuUqsR4WOY

Cordialement
Claudine
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micgail
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Mensajes: 2349
zanzigirl escribió: 09 Julio 2017, 11:40 Bonjour,

Un exemple au XVIIe à défaut de définition:

https://www.youtube.com/watch?v=TKuUqsR4WOY

Cordialement
Claudine
Bonjour,
Que pourrait on ajouter ? Molière était dans son siècle, et, à la Cour, la bourgeoisie (de robe) essayait de "rattraper" la noblesse, aidée en cela par la politique royale, qui divisait pour mieux régner. On sait comment ça s'est terminé...!
Mais ceci ne nous avance pas dans la recherche et l'analyse des différentes catégories de bourgeois co-existantes au XVIIIème siècle.
pascaller
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micgail escribió: 09 Julio 2017, 11:33 C'est ce que je disais plus haut.... et ce qui motivait l'ouverture du post. Il semblait y avoir autant de catégories différentes de bourgeois qu'il y avait de catégories différentes de villes, bourgs et villages.
Effectivement, il n'existait pas une définition univoque de la bourgeoisie à l'époque moderne. Chaque ville et chaque bourg avait ses règlements et ses traditions. Tel groupe social qui était intégré à la bourgeoisie dans une ville moyenne ne l'aurait peut-être pas été dans une autre ville plus importante et plus riche.

Le cas du Havre est intéressant car c'est une ville récemment fondée, qui avait besoin de se constituer une bourgeoisie digne de ce nom pour pouvoir rivaliser avec les grandes villes de la région, Rouen et Caen. D'où l’importance des exemptions fiscales accordées par François Ier pour attirer une élite et les règles strictes pour en bénéficier. Dans d'autres villes où la bourgeoisie héréditaire est ancienne et bien implantée, et où elle est essentiellement honorifique, les modalités d'accès devaient être différentes.

Pascal
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J'ai lu, tous vos posts et je me demandais (en supposant vrai) si le vicomte mayeur (le maire) et les échevins (ses adjoints) étaient nécessairement des bourgeois.
Car je supposais que l'achat de bourgeoisie permet de devenir possiblement échevin ou maire et peut-être de voter pour lui ? Une sorte d'association qui gouverner la ville à laquelle il fallait adhérer pour avoir des hautes fonctions publiques ?
Par contre oui, la bourgeoisie était héréditaire, car sur un acte de réception à la bourgeoisie d'un de mes ancêtres, il est marqué : pour lui ainsi que tous ses descendants. Lui avait le droit à des stères de bois fourni par la ville comme privilège.

L.
micgail
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lolodu13 escribió: 05 Febrero 2023, 21:38 J'ai lu, tous vos posts et je me demandais (en supposant vrai) si le vicomte mayeur (le maire) et les échevins (ses adjoints) étaient nécessairement des bourgeois.
Car je supposais que l'achat de bourgeoisie permet de devenir possiblement échevin ou maire et peut-être de voter pour lui ? Une sorte d'association qui gouverner la ville à laquelle il fallait adhérer pour avoir des hautes fonctions publiques ?
Par contre oui, la bourgeoisie était héréditaire, car sur un acte de réception à la bourgeoisie d'un de mes ancêtres, il est marqué : pour lui ainsi que tous ses descendants. Lui avait le droit à des stères de bois fourni par la ville comme privilège.

L.
Bonjour,

Vous "rattrapez" un fil déjà ancien ...
Je suppose que vous vous situez dans le nord du pays (les échevins ...). Pour autant, je ne sais pas si la bourgeoisie s'achetait, car, comme indiqué précédemment, ce n'était pas une charge.
Pour ce qui est de la nécessité d'être bourgeois pour participer à l'élection (ou être éligible) aux fonction de maire ou d'échevin, je suppose que la situation était différente selon les régions. Ce que vous décrivez ressemble à ce qui se passait dans les "républiques ploutocratiques" des Provinces Unies.
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